Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
               PROMENADE TRANSJORDANIENNE.                217

  de 24 cartouches, ne contient plus sa belliqueuse ardeur.
  11 lance sa jument au galop et abat au vol deux autours
  qu'il m'offre, mais que je ne peux emporter.
     Derrière nous l'horizon s'étend sur toute la plaine
  du Jourdain et sur les montagnes de la Galilée et de la
. Judée, qui semblent flambloyer dans un immense brasier
  d'or en fusion. C'est la terre nue et brûlée de la malédic-
  tion, où ne coulent plus le lait et le miel et qui oppose son
  contraste aux richesses du sol que nous foulons. Il est
  une heure, quand nous atteignons le plateau supérieur, à
  800 mètres environ d'altitude.
   Un village, composé de masures en boue desséchée, étale
en arabesques ses toits en fleurs. Ces singulières prairies
viennent des graines que le vent apporte sur la terrasse des
habitations. Elles germent sous l'action du soleil et de la
pluie et créent ces jardins éphémères suspendus et d'un si
gracieux effet.
   Leftallah disparaît, sous prétexte de prendre des rensei-
gnements. Le brigadier s'est évanoui. Il est probable qu'ils
vont aux provisions. Les chevaux semblent épuisés. Je lâche
le mien dans un champ d'orge. Adossé au tronc rugueux d'un
vieil olivier, j'ébauche à son ombre un déjeuner rudimen-
taire. Des centaines d'enfants m'entourent ; j'ai peine à les
écarter de mes bagages. Leurs regards, pleins de curiosité
et de convoitise, n'indiquent pas la bienveillance. J'aperçois
à 100 mètres un groupe de femmes. Elles ne sont pas
voilées, mais tatouées et vêtues de cette tunique bleue,
qu'on trouve partout chez les paysannes, depuis le Maroc
jusqu'à l'Euphraie. Elles m'examinent et se communiquent
leurs réflexions sur ma personne.
 Plus loin, derrière un bouquet d'arbres, où ils se dissi-
mulent, des hommes paraissent au repos. Ils sont armés de