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2lé            PROMENADE TRANSJORDANIENNE

et les mains, et médite sur l'inconcevable fertilité d'un sol, où
l'humus a quinze mètres de profondeur. Des rigoles symé-
triques ont jadis distribué les eaux de la rivière sur toute la
surface et fait de cette plaine un domaine d'une beauté
idéale. Cannes à sucre, café, bananiers pousseraient à
l'enyi.
   — A qui appartient ce terrain ?
   — Au Sultan.
   — Alors, c'est lui qui a fait organiser ce système d'irri-
gation ? Pourquoi ne l'entretient-il plus ?
   — Le Sultan n'a pas besoin de récoltes. Avant lui un
propriétaire avait fait travailler ce terrain. Regarde sa mai-
son, là-haut, sur le versant de la montagne, près d'un
bassin. Mais il devenait trop riche. Il a disparu et le Sultan
a pris sa terre.
   Ainsi toute cette magnifique exploitation n'est plus qu'une
jachère. Les impôts et la disgrâce ont ruiné le colon intelli-
gent qui a voulu faire valoir le sol. Il est remplacé par des
inspecteurs du domrine, qui perçoivent leur traitement et
veillent à la poussée des grandes herbes.
   Nous touchons au pied de la montagne. Des torrents
d'une eau limpide traversent le vieux chemin, .intérieur à
Moïse. Des térébinthes, des chênes, des oliviers, des
figuiers et autres arbustes coupent les pâturages et les
champs de blé. Des autours superbes, aux grandes ailes
blanches, brodées de noir, d'une envergure de deux mètres,
planent dans les airs, décrivent d'immenses courbes et
s'abattent soudain comme une flèche sur les petits oiseaux.
Une hirondelle est saisie sous nos yeux, plumée et dévorée
avant que nous ayons pu chasser le ravisseur. Il ne reste
qu'un peu de duvet noir sur la terre rougie.
   Lefiallah, qui porte en guise de bréviaire une ceinture