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292                 PROMENADE AU SALON

   Le portrait occupe, dans nos expositions, une place de
plus en plus grande. C'est un genre très intéressant, aimé
des artistes parce qu'il s'applique à des toiles vendues
d'avance,- mais c'est, nécessairement, un genre un peu
inférieur. La composition y a peu de part, et l'interprétation
est presque tout, et encore une interprétation souvent par-
tielle de la personne.
   Aussi les femmes, dont la nature excelle à traduire et à
interpréter, réussissent fort bien le portrait. Voyez la dame
au corsage rouge (94), de MUe Bilinska, vrai morceau de
virtuose; M. X. (354), de M1Ic Fornier, qui a rencontré la
juste mesure où le portraitiste peut idéaliser; le général
T . (644), de Mlle Olivier, et les Deux Amis (221), de
Mme Colomb-Agassis ; ce dernier tableau, critiquable sur
plusieurs points, prend une réelle valeur aussitôt qu'on se
borne à n'y voir que deux portraits.
   Je voudrais pouvoir y ajouter celui de Mme B. (237), par
M1Ic Cornillac, mais ce portrait me semble incliner du
mauvais côté de la réalité : celui où s'accusent les notes
défavorables du modèle, au lieu de s'atténuer. La facture
est sincère, solide ; il y a de la vie et de la pensée ; mais
cette tendance à outrer me fait craindre que le portrait ne
soit pas le fait de cette artiste, toute d'exubérance et d'exa-
gération.
   Combien le portrait de Mme L. G. (334), dénote chez
M. Fantin-Latour un sentiment plus juste de ce que doit
être ce genre de peinture. Je ne parle pas de la différence
des manières : chaque artiste a la sienne. Avec M. Fantin-
Latour, la peinture, au lieu de se tenir en pâte épaisse,
s'émiette pour ainsi dire ; mais que d'habileté et quel
dessin !
   Charpenter ses personnages n'est pas dans les habitudes