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33 6 LAMARTINE Encore un hymne, ô ma lyre ! Un hymne pour le Seigneur, Un hymne dans mon délire, Un hymne dans mon bonheur ! Vous pensez peut-être qu'il lui est arrivé quelque chose d'extraordinaire, qu'un bonheur inouï, une de ces félicités qui éclairent et remplissent toute une existence, est venue le surprendre, qu'un événement prodigieux a changé le cours entier de sa vie ? Du tout, il a simplement reconnu que la nature l'émouvait, et c'est ainsi qu'il l'annonce après deux livres d'Harmonies, où durant cent trente pages il n'a pas dit autre chose. Ce sont là des cris de la tête et non pas du cœur. On n'attendra pas de Lamartine, qui était l'homme heu- reux par excellence, que l'expression de la douleur soit meilleure chez lui. Sans doute, même pour l'homme le plus heureux, la vie a encore assez d'amertumes : personne n'a réuni les éléments du bonheur terrestre en une plus grande abondance et à un plus haut degré que Salomon, et il n'y a pas de plainte plus profondément, plus véritablement désolée que celle de Y Eccjésiaste, où cet homme, après être allé au bout de toutes choses, ne trouve à dire qu'un seul mot : Vanité des vanités ! tout est vanité ! Mais outre que l'Ecclésiaste est à peine aussi long qu'une des cinquante Harmonies de Lamartine, Lamartine n'était pas Salomon. Il sentait avec facilité, il ne sentait pas avec profondeur ; sa désolation n'allait point au-delà d'une mélancolie douce, et il a toujours ignoré le tragique de la.souffrance. De même que ses inquiétudes philosophiques ne réclament rien au- delà des solutions platoniciennes, un gémissement lui suffit pour exhaler sa douleur. C'est ce qui fait que cette douleur avait trouvé son expression parfaite dans le Lac et dans les