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418 L'HOSPICE DE LA CHARITÉ celles de la ville avec celle de l'église Primatiale et de l'Hô- tel de Ville. Il y a en effet une hiérarchie dans les monu- ments comme dans toute société bien organisée, et celle des monuments peut aider à comprendre la hiérarchie éternellement vraie sur laquelle repose l'ordre social. Etu- dier la société dans la famille qui en est le type primordial, c'est restreindre cette étude à des faits trop particuliers ou à des considérations trop abstraites ; l'étudier dans l'huma- nité toute entière ou même seulement dans l'Etat, qu'il soit royaume, empire ou république, c'est en agrandissant outre mesure le cercle des observations, en amoindrir aussi l'intérêt ; or l'organisation de la cité issue de la famille, ou plutôt agrégation intermédiaire entre la famille et l'Etat, est plus propre à fournir un texte à nos remarques, parce que n'étant pas circonscrite dans une série de faits intimes et n'ayant pas ses détails absorbés par des faits trop généraux elle participe à tous les genres d'intérêts. Par cité j'entends non la cité insignifiante de notre époque, assemblage d'édi^ fices, de rues, de quais, de places calqués sur un type com- mun, caractérisée dans les almanachs par un chiffre de po- pulation, un chiffre de distance de la capitale évalué en ki- lomètres, un chiffre de naissances, de décès, d'impôts et, en un mot, par une statistique aride et non vivifiée par une idée morale; j'entends dans la cité, réunion d'hommes opérée par des origines communes, par des traditions, des liens de parenté, des similitudes de croyances, de mœurs ou d'intérêts et non par les caprices ou les hasards de la bu- reaucratie ; j'entends la cité comme la sagesse de tant de siècles l'avaient constituée en France, vivant de sa vie propre, ayant et gardant avec soins ses institutions et son histoire, aimant les usages dont elle s'était bien trouvée et fermant l'oreille aux évolutions désordonnées de la capitale.