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L'HOSPICE DE LA CHARITE 419
Or les édifices publics sont de précieuse s indications du
point de grandeur auquel peut atteindre une ville. Les édi-
fices caractéristiques se réduisent à trois qui résument la
force morale de l'association. L'église qui représente l'asso-
ciation religieuse, l'hospice qui représente l'association dans
'a Charité, c'est-à -dire l'union de tous réalisée sans rompre
lahiérarchie, parle sacrifice volontaire. Enfin l'hôtel de ville
qui représente l'association d'un ordre supérieur, celle des
intérêts matériels et purement civile.
Il est des villes où le voyageur n'aperçoit en fait d'édifices
bâtis avec soin, entretenus avec zèle, qu'un théâtre, c'est-à -
dire un monument élevé aux passions dissolvantes de
l'ordre social. Il est inutile de fouiller la chronique de ces
villes, elle est vide et sans intérêt. Ce sont des villes mortes ;
le théâtre est le monument de la décadence, des races
dégénérées, homines ad servitutem nati.
Tel ne fut pas Lyon et l'on peut, sans avoir même feuil-
leté ses historiens, dire : Ce fut une cité puissante et illustre,
car ses plus beaux édifices, ce sont ses églises, son hôtel de
ville et ses hôpitaux. Ce fut une cité religieuse, bien admi-
nistrée, puissante dans le siècle, charitable et méritante
devant Dieu. Qu'importe alors que ses rues soient plus
étroites et ses maisons plus hautes de quelques pieds que le
veut la fantaisie moderne, elle a prouvé qu'elle savait aussi
bâtir des palais, non pas à la Vénus des carrefours ni au Dieu
du lucre, mais au vrai Dieu, à ses pauvres et à ses Pères
conscrits. Deux constructions grandioses attestent la bien-
faisance de nos pères, l'Hôtel-Dieu et la Charité, asile des
pauvres malades, des pauvres vieillards et des pauvres
enfants, deux palais sans rivaux par leur beauté architectu-
rale, par l'intelligence avec laquelle ils furent construits,
organisés et administrés.