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                    DE LA VILLE DE LYON                     171

 la soustenance de l'empire. Et pourtanr la ville de Lyon en
 estoit ordonnée pour demeure aux princes Romains, à
 laquelle ilz venoyent souventes fois pour y habiter : y feirent
 bastir de magnificques et somptueux édifices. Seneque a
 escrit de Lyon, qu'il y a autant et de si baux ouvrages, que
 quand il y en auroit seulement un en chascune des autres
villes, ce seroit assez pour l'embellir. Or comme Lyon
 fut ainsi enrichie de si grans ornemens, et creuë en
richesses, du temps que l'empire Romain florissoit. un peu
 après (comme toutes les choses de ce monde sont exposées
à grans inconvenians et dangiers) elle fut toute bruslée, qui
fut un spectacle fort triste a voir. Et Seneque très sage con-
seiller à faire patiemment endurer adversitez, a rédige ce cy
par escrit en une epistre qu'il envoya à un Lyonnois
nomme Liberalis. Car elle fut bruslée toute en une nuict, en
 sorte qu'il n'y eut qu'une nuict entre la splendeur et magni-
ficence de ceste ville là, et son anéantissement fut ce feu
ardent et soudain. Il y a beaucoup de tesmoignages en
anciennes histoires, que Lyon estoit jadiz en l'Isle, enfermée
de la Sonne et du Rosne, comme nous voyons aujourd'huy
toute l'Isle pleine de bastimens, excepte une fort grande rue,
qui suyt le cours de la Saonne. Le circuit des murailles com-
prend la petite montaigne, qui est entre les deux rivières,
et l'autre montaigne, qui est près de la Saonne. Aucuns
pensent qu'après ce grand feu la ville changea de lieu, et
les habitans cherchans le lieu le plus sain et aëre, la reedi-
fierent en la plus haulte montaigne prochaine. Car on trouve
encore aujourd'huy des ruines de bastimens espandues au
long, et principalement ceux qui fouyssent la terre plus
profondement. Si non par aventure (ce qui est le plus vray-
semblable) que nous croyions que la ville fut si grande,
quelle n'ayt point este autre que nous le voyons aujourd'huy,