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A UN LYONNAIS DE LYON 205 résurrections qui sentent leur Midi d'une lieue, et qui sem- blent bien plutôt une entreprise de conflagornerie mutuelle qu'un compagnonnage qui se veut consacrer au soin des ancêtres. Je vous le dis, je suis bien de chez moi ! Ni leur Paris, ni leur Midi. Pas plus haut que Villefranche et pas plus bas que Serrières : l'île de la Pape et la Mulatière serait encore mieux ! Parlez-moi au moins de votre bon parler lyonnois ! Voilà qui est sain, voilà qui est savoureux et de fine bouche ! Après lui, si le français de l'Ile-de-France ressemblait davan- tage au parler de la Croix-Rousse, ce serait le second des langages. Aussi bien, j'entends la chose comme vous l'en- tendez vous-même, comme l'ont entendu nombre de braves et francs Provinciaux, tels que M. Guerrier de Dumast pour sa Lorraine (et aussi M. Theuriet), George Sand pour son Berry, M. Ferdinand Fabre pour ses Cévennes, Erckmann-Chatrian pour leur Alsace, M. Pouvillon pour son Quercy, M. Gabriel Vicaire pour sa Bresse, et d'autres que j'oublie; mais non point, en revanche, Balzac pour sa Touraine, Flaubert pour sa Normandie ou M. Daudet pour sa Provence : ceux-là sont des Parisiens. Comme vous, quoiqu'avec moins de fruit, j'aime les vieilleries et je les collectionne dévotieusement : vieux bouquins, vieux vocables, bribes menues de l'histoire des petites actions et des petites gens, que rebutent les grands confrères. Mes amis, ne vous moquez point de l'abbé Trublet ; c'est avec les matériaux longuement amassés par des manœuvres, qui sont souvent de maîtres-ouvriers, que les Voltaire bâtissent leur panthéon. Ainsi, voyez cette subite faveur qui vient de ramener à la lumière, et d'illus- trer, ces jours derniers, un recueil de deux artistes lyon-