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132 HISTOIRE DES DEUX ANTOINE Les arguments que l'on fit valoir à la Chambre des dépu- tés et auprès du Ministre furent ceux-ci : Située entre le Rhône et la Saône, la gare de Perrache devait faciliter beaucoup les échanges de marchandises entre le chemin de fer et les voies fluviales ! on ne se préoccupait pas le moins du monde du manque d'espace entre les deux ponts, qui s'opposait à l'établissement d'une gare de marchandises, et l'on ne pensait pas non plus à la grande différence de niveau qui se trouverait entre les vagons et les bateaux. La ville patronnait très chaudement ce projet, qui devait donner disait-on une grande valeur à ses terrains de Perra- che. Pour engager l'État et la Compagnie à adopter ce tracé, elle consentait à donner l'emplacement nécessaire, au prix réduit de vingt francs le mètre ; le cadeau était minime, car sur ces terrains bas, il fallait apporter douze ou quinze mè- tres de hauteur de remblai. On voit aujourd'hui combien ces prévisions étaient fausses, puisque l'adoption du projet préféré a produit pré- cisément l'effet contraire de ce qu'on espérait. La ville brusquement coupée par le massif de la gare, ne pouvant plus aller librement de ce côté, a pris son extension aux Brotteaux. Les faits ont ainsi donné raison à Morand. Le grand Jullien comme on l'appelait, plus pour son talent que pour sa taille, fut outré de cette décision du Gouvernement imposée par les députés de Lyon qui vou- laient donner une gare à chacun de leurs collèges électo- raux comme on disait alors.