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CROQUIS NIÇOIS 139 d'un peu de verdure. Trop de villas à Nice ! La plupart ont leurs fenêtres closes et portent l'écriteau avec la mention : A vendre ou à louer ! Il y en a de fort belles dans le style italien si gracieux, si décoratif. Trop d'hôtels aussi. Quel- ques-uns ont fait faillite. Tout à coup, les Niçois se sont mis à bâtir, à bâtir , croyant que plus la ville s'agrandirait, plus afflueraient les étrangers. Maintenant ils se désolent de s'être trompés. Les étrangers viennent en moins grand nombre qu'autrefois, préférant, avec raison, aux grandes rues bien alignées où de hautes bâtisses projettent continuellement leur ombre, de petites villes où le soleil pénètre librement, partout, où chaque maison, jamais plus haute de deux étages, est séparée de la rue par la grille d'un jardinet. C'est gai au moins, c'est riant, c'est la villégiature bien comprise. On ne quitte pas Paris pour retrouver Paris. Voilà ce qu'il fallait vous dire, Messieurs les Niçois ; mais le succès vous a fait per- dre la tête et vous constatez avec effroi que l'exploitation des étrangers vous échappe d'hiver en hiver un peu plus. On souffre beaucoup de la poussière à Nice, une pous- sière blanche, fine comme de la farine et que le moindre souffle soulève. Les jours de grand vent, en dépit d'un ciel superbe, il faut se claquemurer. Nice possède un magnifique théâtre italien tout battant neuf. La salle est vaste, bien décorée ; mais on y entend, cette année du moins, de bien médiocres chanteurs. Ce- pendant la Patti doit donner deux représentations ; vous devinez lesquelles : la Traviata, le Barbier, presque tout son répertoire. Quoique plusieurs fois millionnaire, cette femme de 43 ans met à des taux fabuleux l'audition de ses roulades surannées. Le Casino municipal a son théâtre. Il y a aussi le théâ- tre Français qui donne asile à tous les genres, Dans tous