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                   LE CHATEAU DE GROLÉE                    29I

cieux de continuer un travail improductif, les quatre asso-
ciés liquidèrent l'entreprise. Ils se partagèrent le bénéfice
de leur opération et se séparèrent, laissant au temps et aux
orages la tâche que le pic et la pioche n'avaient pu accom-
plir.
   Il y a quelques années, une damé de Grenoble reçut
d'un vieil avocat qui avait passé sa vie à plaider des affaires
de forêts, de communaux et de servitudes entre communes
et propriétaires, un mémoire qui lui révélait les droits qu'elle
avait sur les anciennes forêts, les terres et les pâturages non
vendus ayant appartenu aux sires de Grolée. On lui annon-
çait qu'elle possédait une fortune immense qu'elle pouvait
reconquérir à peu de frais.
   L'offre avait de quoi séduire ; mais la dame était dans la
douleur. Elle venait de perdre son mari, et elle n'avait plus
d'enfants. Seule, à l'entrée de l'âge mûr, elle eut peur d'un
procès qui eût nécessité des démarches et des avances.
L'aisance dont elle jouissait lui suffisait largement; elle
dédaigna ce surcroit d'opulence et ne répondit pas. Plus
tard, et sa douleur apaisée, elle apprit la mort de M. Boisset,
le vieil avocat, et la perte ou la dispersion des papiers qui
devaient lui rendre la propriété de Grolée et des terres
environnantes.
   Elle s'en consola facilement, ne les ayant jamais désirés
et il est probable que ceux qui en jouissent aujourd'hui,
quoique sans titres, n'en seront jamais dépossédés.


                                 AIMÉ VINGTRINIER.