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DE LA PRIMATIALE DE LYON 189
Mais une consolation nous reste cependant ; ni les calvi-
nistes, ni les jacobins même n'ont pu détruire complète-
ment les riches archives de la Primatiale. Les calvinistes
en ont lacéré une partie, la Convention a fait brûler
aussi beaucoup de titres historiques comme entachés de
féodalité. Mais, comme je l'ai déjà dit plus haut, ce qui
nous reste d'épaves de ce double naufrage est encore des plus
considérables ; l'érudit et le savant les compulsent, avec
joie, pour leurs travaux, car ce n'est que dans cette mine
féconde, trop négligée jusqu'à présent, que se trouve la vé-
rité vraie sur tant de faits historiques tronqués par nos his-
toriens faute d'y avoir eu recours. Aussi je n'ai pas failli de
puiser à cette excellente source les éléments principaux de
cette étude, en attendant que nos archives achèvent de
pourrir ou d'être brûlées dans les combles de l'Hôtel-de-
Ville.
Mais on ne retrouvera plus une autre partie du Trésor
de Saint-Jean, je veux parler de ses reliquaires, de ses vases
sacrés, de ses riches ornements, de ses splendides tapisse-
ries dont on ornait le sanctuaire les jours des grandes
solennités. Cesrichessesque les calvinistes n'ont pas détrui-
tes et qui existaient encore presque en entier, au moment
de la Révolution, ont été anéanties par elle et jetées dans
les creusets de la monnaie. Elle en a retiré quelques som-
mes bientôt dilapidées par les hommes de cette époque,
tandis que si, moins odieuse et moins fanatique, elle les
eût déposées dans nos musées, quelle magnifique place n'y
eussent pas occupé ces reliquaires, ces vases sacrés, ces or-
nements sur lesquels l'art de nos pères avait, depuis [le Ve
jusqu'au xixe siècle, déployé toutes ses splendeurs ? De quel
secours ne seraient-elles pas aujourd'hui pour l'artiste, pour
l'ouvrier et pour l'historien ? Quels beaux modèles ils trou-
veraient à imiter ou dont ils s'inspireraient pour leurs