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CHATEAU DES ALYMES 11 5
ques du Bugey. Les Lyobard portaient d'or à un lion léo-
pardè de gueules. Leur devise, souvent citée, était : Pensés-y,
belles,fiésvous-y. Le mariage se fit en 1550 ; il fut heureux.
En 1553, naquit aux deux époux un fils qui devait être une
des illustrations de la Savoie.
Le traité de Cateau-Cambresis, triste et douloureux pour
la France, rendit à Emmanuel-Philibert, duc de Savoie, la
partie des Etats de son père que François Ier avait conquise,
et à Charles de Lucinge son château des Alymes détruit et
ruiné. On ne songe pas assez aujourd'hui aux désastres
qu'entraînaient après elles ces guerres sans pitié et sans
merci du moyen âge qui rasaient jusque dans leurs fonde-
ments le château du riche et la chaumière du pauvre. La
misère découragée régnait sur la montagne. La présence
de Charles de Lucinge et de sa compagne rendit l'espoir
aux habitants, et pendant que le seigneur relevait les puis-
santes fortifications de la citadelle, les agriculteurs se remi-
rent à leurs travaux avec cette héroïque énergie de celui
qui chez nous cultive la terre.
Il ne nous déplait point de penser que le futur héritier
du château des Alymes, le jeune René de Lucinge, reçut
au manoir paternel une mâle et rude éducation. Isolé sur sa
montagne, bravant les frimas, dominant du regard la vaste
plaine qu'arrosent le Rhône et la rivière d'Ain, et n'est
bornée que par la Saône, au pied des monts du Beaujolais,
il dut accoutumer son corps à la fatigue et son esprit à des
idées vastes et sérieuses, sous la direction de son père, que
les historiens s'accordent à regarder comme un des pre-
miers hommes de guerre de son temps.
On ne sait pas la date de la mort de Charles de Lucinge,
mais il vivait encore en 1564.
Après avoir grandi au bon air des montagnes du Bugey,
René de Lucinge fut envoyé à l'Université de Turin où il