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                     LE THÉÂTRE A tYON                      427
User d'éclat et de magnificence avec les plus brillants de la
capitale. —Aussi sa passion dominante était-elle le com-
mandement. Nous l'appelions notre fée Vrgelle...»
  Plus loin, les Mémoires racontent combien le jeune
débutant eut à souffrir de la part du public, qui le siffla
sans pitié :
   « Quand je quittai mon père, impatient de voler de mes
propres ailes, je crus que je .trouverais partout la même
indulgence... J'avais chaussé le brodequin, espérant ne
marcher que sur des roses ; hélas ! un certain jour, il ne me
garantit guère des ronces et des épines... Les trompettes
du jugement dernier ne seront pas plus terribles aux hom-
mes coupables que ce bruit humiliant ne le fut pour mes
oreilles.. . »
   « Heureusement que j'étais assez jeune pour croire à une
injustice, M*1 Lobreau me soutenant d'ailleurs et mettant
toute sa ténacité à donner un démenti aux siûleurs. A. cette
occasion même, un nommé Provost, qui jouait les premiers
rôles, me tendit la main et me donna d'excellentes direc-
tions. »
  Peu à peu, Fleury parvint à réaliser le type du vrai
comédien de ce temps-là : « Parler sans gestes, et se
donner l'air d'un homme du monde, d'un grand seigneur-
dans un salon, avec cette nonchalance, ce laisser-aller
de la bonne compagnie, l'épée au côté et le chapeau
sons le bras. » Les souvenirs d e la cour du roi Stanislas
ne lui furent pas inutiles :
   « Entouré de mes chaises et de mes fauteuils, je me fai-
sais un cercle brillant et bénévole d'hommes du. monde et
de jolies femmes ; ainsi que le Sosie d''Amphitryon,je prenais
et je quittais tour à tour plusieurs rôles ; ma voix polie, iro-
nique ou impertinente, parlait à une femme aimable, répon-
dait à une épigramme et relevait l'insulte ; je traitais avec
tous mes meubles, baptisés de noms superbes ou de beaux
titres, de puissance à puissance. »