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428 LE THÉÂTRE A LYON Enfin, le courageux artiste dompta son public et fut admis dans le meilleur monde, grâce à la régularité de sa conduite; il revenait toujours à son talent quelque chose de ces fréquentations ; car, « si les auteurs dra- matiques sont des écouteurs aux portes, il faut qne le comédien pénètre jusque dans les salons. » Après quelques années de séjour à Lyon, Fleury quitta notre théâtre en 1773 pour celui de Lille. Son début à la Comédie Française eut lieu le 7 mars 1774. Mais, trou- vant pour obstacles à son admission les sociétaires Bel- lecour, Monvel et Mole qui tenaient le même emploi que lui, il suivit le conseil de Lekain, son bon ange, et repa- rut sur le théâtre de Lyon, où il avait laissé de bons souvenirs. 11 y passa encore quatre années, pendant les- quelles il assouplit son organe et acheva d'acquérir ce ton de bonne compagnie sans lequel il n'y avait alors aucun succès possible, La Comédie Françaises lui ouvrit enfin ses portes le 20 mars 1778 ; il joua les Petits maîtres en remplacement de Mole devenu vieux, et, dix ans plus tard, il occupait les grands pemiers rôles de comédie (1). Mademoiselle Sainval ou de Saint-Val appartenait à une honorable famille de la sénéchaussée de Grasse, les Alziary de Rochefort (2). Sa mère avait été attachée à la personne de la> reine Marie Leczinska, son père était chevalier de Saint-Louis et l'un de ses, frères était au service (3). Ce furent sans doute les représentations dra- (1) E. D. de Manne: Galerie hist. des portraits des comédiens. (2) Marie-Pauline-Christine Alziary de Rochefort, dite M"" Sain- val l'aînée, était née à Goursegoules le 18 décembre 1743 et mourut à Paris le 13 juin 1830. — E. D. de Manne : Galerie hist. des por traits et des comédiens de la troupe de Voltaire, gravés par Hillemacher, avec détails biog. inédits. Lyon, Sûheuring, 1861. (3) Ce frère fut pendu en 1771; la douleur et la honte rendirent folle l'impressionnable actrice.