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          RENE DE LUCINGE
                      NOUVELLE HISTORIQUE



                             (Suite)




   Eené leva un œil attendri vers la touchante image ;
des larmes abondantes couvrirent son visage, et il adopta
une vie de sacrifices et d'expiation.
   — Demain, dit-il, je serai sur la route de Provence ; je
pars pour Malte, où je me présenterai au grand-maître
pour entrer dans son ordre illustre. Mais avant de quitter
le pays, bénissez-moi, mon oncle, et pour cette mère
bien-aimée que je n'ai pu connaître, et pour ce père
irrité qui ne me reconnaît plus pour son fils.
   L'excellent Aymon ne résista point à cet appel ; il ou-
vrit ses bras à Ëené, et appela sur sa tête toutes les béné-
dictions du ciel.
   Le comte de Groslée passa une partie de la nuit avec
son neveu ; il lui donna de l'or et de sages conseils ; un
seul écuyer devait le suivre.
   — Eené, dit Aymon, sans votre fol amour, à quel bon-
heur je vous destinais ! Vous auriez épousé ma Blanche,
la filleule de votre mère, qui lui a légué ses vertus.
   Au point du jour, le jeune homme s'éloigna avec son
ami, qui devait l'accompagner jusqu'à ce qu'il rencontrât
son écuyer sur la terre de Provence. Quelques heures
après le départ des deux chevaliers, le marquis de Lu-
cinge entrait chez son beau-frère : c'était un beau vieil-