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ET LES BEAUX-ARTS A LYON 299
On admire aussi, sans exception, neuf charmants pay-
sages de Grobon, ce peintre si sympathique des monu-
ments et des sites lyonnais, talent sobre, et en même
temps, d'un ton si chaud et si harmonieux, qui s'inspire
à la fois de la nature et des maîtres hollandais. Ajou-
tons encore deux portraits de Bonnefond, le Vieux pont
de pierre de Leymarie, deux vues des quais de la Saône
de Guindrand, et aussi un gracieux petit tableau : Y Eglise
de l'Observance de Duclaux, artiste plus connu par ses
tableaux d'animaux que par ses paysages. C'est là une
œuvre pleine de poésie, remarquable par le mélange
d'ombre et de lumière, et nous faisant regretter, une fois
de plus, la destruction de ce beau monument de l'art ogi-
val de la fin du xve siècle. Citons, enfin, trois tableaux
de fleurs et de fruits de Saint-Jean, peintures si vraies,
si riches de couleur, qui dépassent tout ce que les artistes
de tous les temps ont produit en ce genre.
Pourtant ce n'est pas vers les œuvres modestes de nos
artistes lyonnais que se porte la foule ;c'est vers une
toile signée encore du nom de l'un de nos compatriotes,
mais que l'originalité de son talent ne permet point de
ranger parmi les peintres de l'école lyonnaise. Le
tableau est de moyenne grandeur, la couleur est
.sobre quoique vraie, et rien, à première vue, n'appelle
l'attention. Est-ce l'art seul et la beauté de la peinture
qui attirent vers cette toile la foule ignorante aussi
bien que l'artiste et l'amateur éclairé? Sans doute
le talent du peintre est immense; jamais les maî-
tres de l'école hollandaise n'ont surpassé la finesse
d'exécution et la vérité de ce tableau.Mais il a fallu aussi
que l'artiste parvînt à réveiller, à la fois par la grandeur
du sujet et la perfection de son pinceau, un sentiment
profond chez celui qui contemple ce chef-d'œuvre.