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298 L'EXPOSITION KÈTHOSPECTIVE lessedu dessin et le faux éclat de sa couleur, on s'arrête encore devant la Princesse à la grenade de Mignard; maisje lui préfère de beaucoup le beau portrait de l'au- teur du Lutrin, peint par Santerre, artiste modeste, qui sut garder invariablement le culte du beau, à une époque où tant d'autres, plus connus, sacrifiaient l'art à la re- nommée et à la fortune. L'école du xvm e siècle compte aussi deux tableaux de Watteau, une bonne toile de Van Loo, le Miracle de l'Hostie et trois tableaux deBpucher. Mais peut-on ad- mirer, sans réserve, ces produits d'un art encore habile, mais gâté par la recherche de la grâce et de l'élégance outrée? Si, à cause de la nature du sujet, ce dernier artiste a pu échappera ses défauts habituels, dans la Vierge au panier de fruits, peut-on goûter autre chose que l'emploi harmonieux de la couleur dans les Plaisirs delà campa- gne, reproduit par la gravure sous le nom plus vrai de la Fontaine. On se demande où le peintre a pris les modèles de ses animaux et s'il a vu ses bergères ailleurs que dans les jardins du Trianon ? A ces œuvres de la fin du xvni e siècle, combien est encore préférable la Bame de charité de Greuze, malgré une certaine exagération de gestes et de sentimentalité que l'on retrouve, d'ailleurs, à un de- gré divers, dans tous les ouvrages de cet artiste. Mais le véritable attrait de l'exposition de peinture réside principalement dans les tableaux de l'école fran- çaise du xixe siècle et surtout de l'école lyonnaise. Après deux bons portraits de Blanchet, on aime à sui- vre toute la série des dessins de Boissieu, déjà connus et popularisés par la gravure, et au milieu de ces dessins, trois peintures exécutées avec une finesse de touche remarquable, dont je citerai surtout le Bouquet de fête, qui n'a rien à envier aux peintres de l'école hollandaise.