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UN MARIAGE SOUS LES TROPIQUES. 341 — Rodolphe est fou, vraiment, dit-elle ens'adressantà M. Fleming, qui entrait. Ne veut-il pas que je fasse mes paquets et quoi) vous quitte dans deux jours pour une promenade en Hongrie! Mais Eodolphe n'écoutait plus. Cette révolte ouverte, cette lutte inattendue pour lui, malgré les instinuations de ses parents, ce ton d'orgueilleux sarcasme, cette aumône hautainement offerte confondaient sa pensée et la jetaient dans un trouble inexprimable. Sans rien répondre, il cou- rut jusqu'au lit de son père et lui conta le mauvais succès de sa démarche. — Je m'en étais douté, répartit le comte. Nous voilà forcés d'en venir aux moyens suprêmes : que Dieu nous soit en aide! Envoie-moi Herminia. Celle-ci ne tarda à paraître, gardant sur sa figure cette expression d'ironie méprisante qui était son bouclier contre les avis de son beau-père. — Herminia! fit le comte quand ils furent seuls, vous savez que nous devons partir dès que ma santé me per- mettra de me tenir à cheval ; je n'ai pas besoin d'ajouter que Eodolphe doit nous suivre : son avenir n'est point ici mais en Europe et comme vous connaissiez tous ces détails quand vous l'avez accepté pour époux, je ne doute pas que vous ne soyiez heureuse de remplir votre devoir en l'accompagnant. — Mon devoir s'écria Herminia ; lises l'Evangile , monsieur, vous y verrez que l'homme doit quitter son père et sa mère pour suivre sa femme. — Les lois divines sont immuables, mais leur expres- sion se modifie à mesure que les temps s'accomplissent, et les lois humaines, celles sur lesquelles toute société est fondée, ont surbordonné la volonté de la femme à celle du mari.