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• î - v s y . * ' ->v * UN MARIAGK SOUS LES TROPIQUES. 327 doux éclat. La félicité foudroyée du père renaissait au pied du berceau de l'enfant : tout était perdu pour l'un, tout était possible pour l'autre; l'expérience des malheurs passés servirait de flambeau dans cette vie qui allait éclore et que son imagination, source inépuisable de ten- dresse, suivait déjà dans l'avenir avec des ravissements mystérieux. Sa vieillesse, cette glace des années qui laisse si souvent au cœur sa chaleur primitive, ne serait plus solitaire et désolée; Herminia n'était grosse que de quelques mois et souvent Wilhelmine, absorbée par son rêve, se retournait brusquement, croyant entendre les va- gissements d'un nouveau-né, douce mélodie dont les notes résonnent délicieusement dans le cœur de toute femme qui a eu le bonheur d'être mère! Oh ! la vraie mère en ce moment n'était pas la femme insoucieuse de son précieux fardeau, qui repoussait tous les conseils qui auraient pu contrarier sa gourmandise ou sa paresse; la femme qui maudissait le fruit de son sein à chaque incommodité causée par son état et qui regret- tait amèrement de s'être mariée parce qu'il lui faudrait subir les douleurs de l'enfantement! C'était bien plutôt cette noble et pieuse créature qui se prosternait chaque jour pour arracher au ciel et verser sur la tête de son pe- tit-fils, les bénédictions qu'elle avait vainement implorées pour son fils; celle qui supputait la longueur possible de ses jours pour savoir de quelle durée pourrait être son dévouement; qui faisait enfin dans son cœur le difficile sacrifice de ses justes répugnances et qui reportait sur sa belle-fille un reflet de l'amour qu'elle aurait pour cet e n - fant dont les petites mains roses allaient rouvrir son Eden qu'elle avait cru fermé pour jamais ! Du jour où la grossesse d'Herminia fut déclarée, la jeune femme devint sacrée pour sa belle-mère. C'est avec