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540            LE PAGE DU BARON DES ADRETS.

d'Apchon, qui commandait en chef, Moncelar, Cunières,
Chalmazel, Duchiez, Magnieu et tant d'autres qui avaient
juré de mourir pour la patrie et pour la foi.
    Maigre les soins du siège, malgré son ardeur à pour-
suivre les catholiques et à détruire leur culte, Beaumont
ne rêvait qu'à son page. Ses ordres n'étaient pas aussi
bien dictés, sa correspondance n'était pas aussi claire
et aussi précise que lorsque la charmante jeune fille te-
nait la plume, puis son cœur était vide ; il lui manquait
cette société gracieuse qui le charmait, ces conseils qui
le calmaient," l'éclairaient et le grandissaient; il sentait
qu'il était entouré de pièges et d'ennemis sans un cœur
qui l'aimât; soupçon affreux! et si son secrétaire actuel
trahissait les secrets de ia Religion, vendait sa corres-
pondance aux ennemis, aux catholiques, si irrités, aux
Guises, si puissants et si habiles, à la reine-mère si po-
litique et si rusée ! S'il était le jouet de ceux qui avaient
tant d'intérêt à lui nuire ! Cette pensée l'exaspérait et sa
fureur s'augmentait chaque jour à mesure que ses soup-
çons devenaient plus grands.
   Puis, il n'en pouvait plus douter, il aimait, oui, lui
le vieux soldat, il aimait, et croyant flatter, honorer,
celle à qui tendrement il offrait sa main, il la voyait,
fuir, le repousser, le dédaigner peut-être, et sans
doute, car les femmes sont tout amour, en aimer
un autre moins digne, moins haut placé, moins aimant
mais sans doute plus jeune que lui.
   Et quel était ce rival? Était-il de ses officiers? Pon-
cenac? Blancon ? Pizey? Était-il de la ville? était-ce un
de ces riches marchands qu'il avait reçus à Pierre-Scize?
de ces nobles qui acceptent des places dans les cités au