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LE PAGE DU BARON DES ADRETS. 539 s'était groupée et avait prospéré. Les comtes de Forez avaient aimé cette résidence aussi forte qu'agréable, qui avait connu les dangers et les guerres, comme les fêtes et les plaisirs. Quand, dans les temps primitifs, la Loire, débordée et roulant ses flots jaunes, surmontait ses ri- vages et inondait la plaine qu'elle changeait en vaste lac, Montbrison, entouré d'une ceinture épaisse de verdure, ressemblait à une île poétique au milieu de l'océan ; mais depuis longtemps, la Loire n'avait plus la puis- sance de. venir battre de ses flots les murs épais, et quel- ques marais qui couvraient l'étendue rappelaient seuls les conquêtes de l'homme sur la nature et le dessèche- ment progressif que les siècles et la civilisation avaient opéré autour de la jolie cité. Aujourd'hui la ville n'était plus entourée par les bras puissants de la rivière ; fléau plus terrible, un cercle d'ennemis l'étreignait battant ses murs de boulets de bronze, cernant ses remparts et lui présentant sur tous les points la menace, la famine et !a mort. Cependant l'espoir n'était pas anéanti dans l'esprit des assiégés ; les murailles avaient cinquante pieds de hauteur et cinq d'épai ;seur. Quarante-six grosses tours à deux étages les fortifiaient ; des fossés profonds les en- touraient. Cinq grosses portes solidement construites avec ponts-levis, celles d'Ecotay aux chanoines, de Moing, de la Crois, de la Madeleine et de Saint-Jean, à la ville, permettaient de faire des sorties et d'attaquer les travaux des assiégeants. Enfin, défense plus solide et plus insurmontable, une garnison nombreuse cou- vrait les remparts et, dans les rangs des enfants de la cité, se voyaient les capitaines les plus vaillanlsdu Forez;