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304 M- GRÉGOIRE ET SES ÉCRITS. 1833, le Victor Hugo des Odes, des Orientales, des Feuilles d'automne et des premiers romans. Son juge- ment est sévère : & Victor Hugo s'est placé à la tête de cette école amie des renversements littéraires. Il présente en saillie toutes les beautés du romantisme. Ses pensées sont hautes et fortes ; sa manière est pleine de mouvement et de vie, naïve et passionnée ; son imagination, riche, éclatante, pathétique, faisant agir mille ressorts, jette, sème à pleines mains une foule d'observations et d'enthousiastes conceptions. Il excelle à peindre la réalité physique, qu'il anime et vivifie ; et les pensées qu'il emprunte à la sphère spirituelle, il les incarne dans de vives images qui les laissent transparaître et briller ; mais son style est dur avec entêtement et caprice. Il méprise le rhythme et la grammaire, et malgré la liberté que le poète se donne, on y entrevoit une sorte de gêne et de contrainte ; on y trouve trop de cette longueur qui vous jette de pâles détails avec profusion, trop de ce fantastique qui éblouit, de cette tension d'idées qui fatigue, de ces couleurs brusquement tranchées... Tel se présente aux regards ce géant de notre poésie ; vous croyez voir un de ces édifices pompeux et imposants où perce un génie profond, mais où des bizarreries choquantes et de puériles affectations dépa- rent ce qu'on eût admiré comme un chef-d'œuvre de l'art. » M. Collombet avait annoncé au public que son nom et celui de M. Grégoire se retrouveraient plus d'une fois ensemble, les deux amis tinrent parole. Aux Mélodies poétiques de la jeunesse succéda dans cette même année 1833 un Cours de littérature profane et sacrée ; c'était la prose après la poésie. Je pourrais donner ici quelques citations excellentes, mais celles qu'on vient de dire