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M. GRÉGOIRE ET SES ÉCRITS. 305
suffisent à indiquer la méthode et les doctrines litté-
raires des deux collaborateurs.
Elève du petit séminaire de Belley et de la pieuse mai-
son de Saint-Sulpice, débutant dans la vie au lendemain
de la révolution de 1830, M. Grégoire faisait partie de ce
petit groupe libéral déjeunes catholiques dont le journal
l'Avenir était alors l'organe. Il aimait à se rappeler plus
tard la vive impression que produisaient sur lui ces arti-
cles ou plutôt ces ardents manifestes signés du nom célè-
bre et encore orthodoxe de M. de Lamennais ou des noms
alors nouveaux de l'abbé Lacordaire et de M. de Monta-
lembert. Le désir de tenter, selon leurs forces, quelque
chose d'utile dans le sens de cette rénovation religieuse
conduisit les deux amis vers des travaux qui n'étaient plus
de simples compilations littéraires ou de courtes et
brillantes analyses. Ils formèrent le projet de remonter
jusqu'à l'antiquité chrétienne, de réviser les textes des
Pères de l'Eglise en les soumettant aux procédés scru-
puleux de l'exégèse moderne et de les traduire avec le
plus fidèle respect. Ils feraient pénétrer ainsi dans le
public ces grands et vénérables documents des troisième
et quatrième siècles de l'Eglise, ils leur appliqueraient
cette méthode de patientes recherches, de curieuses
observations sur les mœurs locales ou sur la coutume du
temps que MM. Guizot et Augustin Thierry venaient d'i-
naugurer pour l'étude de nos vieilles chroniques et de nos
chartes nationales.
La vie de deux bénédictins n'aurait pu suffire à cette
vaste entreprise, aussi elle n'a pas été achevée; dumoins
elle a rendu inséparables les deux noms de M. Grégoire et
de M. Collombet, et les livres qu'elle a produits seront
consultés par tous ceux qui voudront faire un travail
complet sur la littérature chrétienne des troisième et
quatrième siècles. 20