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LE PAGE DU BARON DES ADRETS. 407 dino ; je suis pressé ; ouvrez vite, j'ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer. À cet ordre, les deux complices n'osèrent pas résiste^; les vêtements remplis de richesses, les poches pleines d'or, ils allèrent, non sans émotion, tirer les verrous solides; Polidino entra. Il était pâle, niais résolu; son épée brillait à sa main, il était suivi de deux compagnons. — Mes amis, dit-il, !e temps nous presse ; il faut quitter promptement ces lieux et nous mettre en sûreté. Le baron est mort, nous n'avons plus de chef. Avant que le bruit de ce malheur ne soit répandu, avant que nos ennemis ne se soulèvent, gagnons le Dauphiné. Nous attendrons là les événements, c'est mon avis. — Mort ? le baron ? s'écrièrent les pillards troublés. — Mort et bien mort, dit Polidino. Je l'ai vu ex- pirer victime d'un accident affreux. Je n'ai pu empêcher sa chute; maintenant il serait inutile de s'occuper de son cadavre, ceux qui viendront après nous lui rendront les derniers devoirs. Mais avant de fuir, avant de nous disperser comme la prudence l'ordonne, mes amis, aban- donnerons-nous ces trésors qui sont là entre nos mains? Laisserons-nous aux papistes qui vont revenir ces hon- teuses richesses consacrées à la superstition ? Nos com- pagnons dorment, ivres, incapables de nous aider et de nous secourir. Le temps nous presse ; fuyons, pendant que la terreur qui couvre le nom du baron des Adrets nous protège; mais avant, sans querelles, sans jalousie, prenons ce qui peut nous convenir. Il y en a assez pour tous. — Chacun de nous emportera peu de choses, dit