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408 LE PAGE DU BARON DES ADRETS.
Robert ; si nous avions une barque, nous y cacherions
tous ces trésors et nous partagerions au premier en-
droit du Dauphiné où nous pourrions nous arrêter en
sûreté.
— Comment traverser la ville, dit Raymond?
— En chargeant la barque de fourrage; on croira
que nous conduisons des approvisionnements pour
l'armée.
— Mais nous n'avons pas de barque ni le temps d'en
attendre une, reprit un bandit. J'aime mieux traverser
la Saône et gagner les forêts de la Dombes. Une fois là -
bas, je ne craindrai ni les renards catholiques ni les
loups protestants.
— Trop d'yeux seraient fixés sur nous en descen-
dant cette interminable ville de Lyon, ajouta un autre,
en se hâtant d'empiler des reliquaires qu'il brisait afin
de les rendre d'un enlèvement plus facile.
Sortons de l'île, même à la nage et n'attendons ni le
réveil de nos camarades ni l'arrivée de secours qui
pourraient délivrer les moines et nous reprendre notre
butin:
— C'est mon avis, dit Polidino, dont l'œil exercé
avait découvert des diamants d'un prix inestimable,
fortune qui n'était ni lourde ni embarrassante et qui en
le rendant riche à jamais ne gênait pas ses mouvements.
Et quittant le premier les bandits qui ne pouvaient se
décider dans leurs choix ni s'arrêter dans le poids des
objets précieux dont ils se chargeaient, il sortit du cou-
vent, traversa le jardin du monastère et contemplant
les eaux troublées de la Saône, il prépara les moyens
de s'éloigner.