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406           LE PAGE DU BARON DES ADRETS.

dans l'espoir de piller des monastères et de m'enrichir,
mais cela n'avance pas ; je suis aussi pauvre qu'avant.
Aujourd'hui, je trouve une occasion qui ne se représen •
fera jamais. J'ai là devant moi ce que je n'aurais jamais
osé rêver. Si j'avais un bon compagnon, fidèle et hardi,
qui voulût, avec moi, courir la chance, je remplirais des
sacs de tout ce qui éblouit ici notre vue ; je descendrais
ma fortune dans un bateau qui me porterait de la Saône
au Rhône et du Rhône à Marseille; là je m'embarque
pour ces pays de l'Orient, qui adorent Mahom comme
un Dieu—qu'en dis-tu, Robert ? Voudrais-tu porter le
 turban et vivre dans un pays de plaisirs faciles, où tu
aurais la liberté de tout faire comme un homme riche,
de commander comme un seigneur, et où (u verrais le
 peuple à tes pieds, comme il est ici devant les barons?
    — Je n'ai pas de préjugés, répondit Robert. Si tu
 crois la chose faisable, si je puis me fier à toi et te
regarder comme un ami, marche, je te suivrai; com-
 mande, j'obéirai ; je te sais prudent, tu dois avoir mûri
 ton plan; je l'adopte, mais hâtons-nous, car la promp-
 titude sera la première condition pour réussir.
    Les deux bandits se connaissaient. Ils se lièrent par
un serment terrible et se mirent en mesure d'exécuter
 leur vol.
    Ils faisaient main basse depuis un instant sur les ob-
jets les plus précieux, choisissant, triant et faisant des
parts avec l'habileté de gens habitués à ces expéditions,
lorsque deux coups frappés à la porte les firent tres-
saillir. Ils s'arrêtèrent immobiles et inquiets, peu envieux
de répondre ni d'ouvrir.
    — Raymond, Robert, dit une voix, c'est moi, Poli-