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              LE PAGE DU BARON DES ADRETS.             405

Mes yeux se fatiguent à regarder ces reflets jaunes. Il
me semble que tout est doré autour de moi, meubles et
murailles, Toutes et planchers ; tout brille et scintille ;
j'aimerais mieux être ailleurs que si près de richesses
qui ne peuvent nous appartenir.
   — Le fait est, dit Tautre, qu'il y en a pour des som-
mes incalculables, et que la centième partie de tout cela
me rendrait riche à jamais.
   — Oh ! quand nos chefs auront pris leur part, il
n'en restera pas beaucoup, reprit le premier.
   — Et pourtant nous avons eu autant de peine, de
fatigues et plus de coups que ceux qui nous comman-
dent, continua le second. Je ne vois pas le tort qu'on
leur ferait si on diminuait leur portion de quelques
pierres ou de quelques perles dont ils ne soupçonnent
pas l'existence ; ils n'en seraient pas moins riches, et il
nous serait permis de vivre honnêtement le restant de
nos jours.
   — Oui, mais si on le savait, lu serais pendu parles
pieds à quelque maîtresse branche des beaux arbres du
couvent et on dit que rien n'est malsain comme cette
position pendant seulement quelques heures.
   — Aussi, ce que j'en dis n'est qu'une plaisanterie, se
hâta d'ajouter le plus jeune des bandits, en pâlissant.
   — Moi, reprit le plus vieux, si je me hasardais à jouer
ma tête, je voudrais que l'enjeu en valût la peine •, je ne
m'arrêterais pas à une bagatelle qui me donnerait du
pairi dans un village ; il me faudrait l'opulence qui me
donnerait un haut rang ; je voudrais être riche parmi les
riches de la terre, grand parmi les seigneurs et les maî-
tres du peuple. De caîholique je me suis fait protestant,