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SALON DE 1869. 157 giste, et aussi toutes les théories qu'il cherche à émettre, moins habile de parole que le précèdent, mais au fond meilleur conseiller. Le public qui ne connaît pas l'homme et n'entre pas dans son atelier, ne comprend rien à son œuvre, à l'étude de laquelle les artistes du présent groupe et les plus jeunes apportent la plus grande attention. C'est que certaines façons de faire que le public aime et dont il juge l'absence un défaut absorbant et tuant toutes qualités possibles, ne sont ni dans les goûts ni dans les moyens de M. Vernay ; la facture, le fini lui semblent choses trop souvent préjudiciables à la vérité, en tous cas inutiles. Il est content si sa toile est lumineuse, si sa coloration est juste, et, couleur et lumière, nul ne les possède comme lui. M. Ponthus-Cinier fait un ensem- ble de détails, M. Vernay embrasse le tout, et sa toile, regardée de son vrai point de vue, est la reproduction exacte de l'impression ressentie sur nature. L'air est de l'air et chaque objet est à sa place ; c'est-là le vrai dessin. Quelquefois M. Vernay se trompe, affaiblit, en voulant trop corriger, la sensation première, mais il reste toujours Un paysage de grand style, un site bien choisi, une lu- mière blanche baignant tous les objets, un tableau enfin qui gagnerait à être bien vu, qui paraîtrait meilleur cha- que fois qu'on le regarderait, si on pouvait le regarder et le voir dans nos expositions où il est toujours affreuse- ment placé. Combien M. CHENU est plus habile, combien il sait rendre plus apparentes au public des qualités moins grandes, moins réelles,, et en foutre combien ce public l'aime pour le choix de ses sujets ! Scènes et types des places et des quais, recoins pittoresques des vieilles rues, le public a vu cela comme le peintre, et il sait en re- connaître et juger l'exactitude. L'artiste et le spectateur,