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LES FRÈRES TAILLEURS DE LYON. 129 simplement une association commerciale, soumises à certaines règles, les chanoines s'appliquent à faire l'histoire des défendeurs et à constater qu'ils sont réellement bien une corporation reli- gieuse. Ces deux plaidoyers en faveur du chapitre dont l'un est intitulé: Mémoire, 1762, et l'autre : Réplique, 1766, sont signés de Pupil de Myons, rapporteur, Prost de Royer, avocat, et Dey- rieux, procureur. Les chanoines ne nous apprennent pas l'année de l'arrivée à Lyon des frères tailleurs, ils nous disent seulement dans lepremier mémoire : « Depuis plus d'un siècle que ce corps subsiste. » Dans le second : « Une expérience de 130 années atteste que ce corps est toujours le même. » Tout cela est d'autant plus vague que le second mémoire étant daté de 1766 l'institution première des frères tailleurs serait reportée a 1636, tandis que la confrérie n'a commencé à fonctionnera Paris qu'en 1647. Si l'on ne peut pas préciser l'époque de l'établissement à Lyon des frères tailleurs, il est au moins certain qu'ils y fondèrent leur association'bien avant 1762, année de la publication du premier mémoire. En effet les deux immeubles pour lesquels le chapitre de Saint-Jean réclamait le droit de l'homme vivant et mourant avaient été déjà acquis parles tailleurs, l'un en 1735, au prix de 18,000 livres; l'autre en 1758, au prix de 27,400 livres. Ces deux sommes, considérables pour le temps, indiquent que les affaires des frères prospéraient et que les bénéfices ac- cumulés leur permettaient de se créer des revenus. Au reste, ils jouissaient d'une certaine aisance; puisque avant 1766 ils avaient acheté « une maison de plaisance » dans la directe du chapitre de Saint-Just. « Le frère maître, traitant «des laods et se pre- ssentant comme chef d'une simple société de commerce, inter- « rogé combien elle durerait encore, répondit gaiement : Jusqu'à « la fin des siècles s'il plaît à Dieu. » 1697, pour deux vignes et une maison, ils sont représentés par l'abbé de Villeroy, fils de Mgr de Neuville, duc et pair et maréchal de France ; en 1724, pour deux maisons de la rue Sainte-Catherine, par le sieur Antoine de Bille, âgé de 21 ans. 9