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330 ÉTUDE sun E'EXPOSITION chrétien? Non, l'art a une mission plus nohle et de plus hautes visées;il ne doit pas languir et marcher terre à terre. C'est le devoir des peintres de talent de le régénérer, en ouvrant les pages de l'histoire contemporaine et du moyen-âge pour peindre quelques grands faits historiques, en se recueillant pour personnifier une pensée philosophique ou religieuse, après avoir étudié les fresques de nos palais et de nos églises. Ils relèveront l'art en lisant les œuvres des grands poètes pour interpréter dignement, par exemple, une scène des tragédies de Shakspeare ou une page de la Divine Comédie et saisir le côté brillant ou passionné, sentimental ou héroïque des per- sonnages de leurs drames et de leurs comédies. Nos artistes doivent s'efforcer de suivre, fût-ce même à une grande dis- tance, les traces illustres de nos grands maîtres, peignant Dante et Béatrix, Hamlet et Ophelia, Faust et Marguerite. Vos premiers essais seront peut-être malheureux. Vous ferez un tableau mauvais, dix médiocres,ne vous découragez pas; si vous en faites un bon il n'en faut pas plus quelque- fois pour illustrer un nom. Je ne veux pas dire maintenant que tous les artistes doi- vent faire de la peinture aussi sérieuse, ni que certains d'en- tre eux se renferment exclusivement dans le cercle déjà immense de ces compositions. Il y aura toujours des peintres de genre, qui feront des choses très-jolies, très à la mode. La grande majorité des artistes ne peut pas exposer autrement; mais il est à dé- sirer que ceux qui ont de l'avenir, du talent et de la persé- vérance tentent d'aborder la grande peinture. L'entreprise serait difficile, cela est vrai ; il faudrait re- faire son éducation d'artiste et imprimer une autre direction à ses idées; ne pas s'habituer à considérer l'art comme un passe-temps agréable ou comme un métier ; il faudrait dessi- ner d'après l'antique et étudier les grands maîtres du sei-