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VOYAGE A ROME. 303
Le Vatican.., un monde... visité au pas gymnastique. —
La bibliothèque, pleine d'objets d'art, mais où l'on n'aperçoit
aucun livre, enferme's qu'ils sont sous triple clef, dans des
bahuts de chêne ; — les loges, — vues par un mauvais jour;
— le musée de sculpture, encore des feuilles de vigne! ---
l'atelier de mosaïque, où l'on traduit h la truelle, pour les
livrer à l'immortalité, les chefs-d'œuvre du pinceau. Pauvre
Louvre ! pauvre Luxembourg !
Une hérésie : Je trouve le Jugement dernier de la cha-
pelle Sixtine au-dessous de sa renommée : exhibition
d'hercules exécutant des tours de force dans l'espace et
posant qui pour les biceps, qui pour les épaules, qui pour
les cuisses, qui pour le reste ; cascades de muscles, enrou-
lements de nerfs, contorsions, convulsions et désossements
de saltimbanques robustes. Le Christ lui-même, un rude
garçon brasseur, maudit les damnés d'un geste terrible mais
trivial. J'ai cru reconnaître l'ami Fritz, de la brasserie
George, s'apprêtant a expulser de la grande salle des ivro-
gnes querelleurs. Si par hasard Fritz lit la Revue du Lyon-
nais, j'espère que la comparaison ne le fâchera pas.
Puisque nous sommes au Vatican, un mot sur le Pape.
Je l'ai vu plusieurs fois en voiture, et deux fois dans les
réceptions officielles. Il était triste, mais non pas abattu.
Lorsqu'on a contemplé ce visage calme, serein, même aux
heures douloureuses, ce regard profond qui se replie en
dedans plutôt qu'il ne darde au dehors, — passez-moi cette
image forcée, — on comprend tout l'homme. C'est la con-
viction intime, inébranlable, c'est la foi, c'est l'espérance,
et dans les lignes basses du visage, développées comme
chez toutes les personnes bonnes, on voit aussi la charifé.
Maintenant me laisserez-vous dire que le front trop res-
serré, la ligne rude des sourcils, révèle un peu... comment
m'exprhner?... enfin explique le non possumus — entêté,