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L'ANGE DÉGHU. Et saisissant son arbalète, La seule qui lui reste encor, Il se roidit comme un athlète, 1 vise, et le tyran est mort. 1 Mais lui-même tombe victime, Percé de lances et de darts, Holocauste le plus sublime Et le plus pur à tous égards. Mourir en sauvant sa patrie, Est-il un sort plus glorieux ? Il n'en est point pour la périe, Peut-il en être pour les cieux ? Du haut de la céleste voûte Elle accourt en voyant son sang Pour cueillir la dernière goutte Qui va s'échapper de son flanc. Tout près un lis penchait sa coupe Cent fois plus pure que n'est l'or. Voilà son vase, elle le coupe Pour y déposer son trésor ; Et joyeuse vers l'empyrée Elle s'élance d'un seul bond, Avec la rançon désirée, Gage assuré de son pardon.