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394                    ORIGINES DE LUGDUNUM.

   11 en dut être ainsi de la portion des Broges ou Bryges nom-
més Allobroges (Montagnards-broges). Puissantes par le nombre
et par le courage (1), ces tribus occupaient en face de Lugdunum
toute une des rives du Rhône. Entre elles et cette ville, une suite
d'îles, ép.irses dans le fleuve, formait comme un pont naturel.
Admettre que la pensée ne leur vint pas de s'emparer d'une lo-
calité qui les rendait maîtresses de la navigation de deux cours
d'eau magnifiques répugne au raisonnement le plus simple. Il est
de fait qu'elles s'y établirent et, très-probablement, à une épo-
que peu éloignée du passage d'Ànnibal. Une preuve géographi-
que de cette usurpation trans-rhodanique subsistait avant 1789
dans l'archiprêtré de Sainte-Colombe : malgré sa situation sur la
rive droite du fleuve, cette circonscription ecclésiastique dépen-
dait alors du diocèse de Vienne (2).
   On peut donc retrouver dans la haute histoire de la Celtique de
l'Est, dès qu'on cesse de s'assujettir à la lettre de Strabon et de
César, des vestiges d'un passé de violence anarchique en relation
étroite avec la terre sacrée de la Ségusiavie. Des lueurs, si visi-
bles qu'elles soient, dont ce passé s'illumine, je me garderais
bien de conclure l'importance ou même l'existence du Német, si
cet établissement devait se présenter sans tout ce qui précède et
sans tout ce qui va suivre.
   En se reportant au début de ce paragraphe, on voit que, dans
mes déductions, le Német admet une division triple : la zone
frontière ou marche, la forêt, l'île ou champ sacré proprement
dit. Je vais préciser les limites, la forme et le caractère de cha-
cune.


traversant Lion va prendre le Rhosne au pied des murailles et tous les
deux joints ensemble forment cette pointe de terre que les Romains nom-
maient hle des Séquaniens (L. Cousier, Rivières de France, t. II, pp. 96 à
105, Paris, 1644, in-8.).
   (1) « Allobroges, gens jàm indè nullâ gallicà gente opibus aut famâ in-
lerior. » (TH.-Liv.,ffist., lib. III, décad. 1.)
   (2) M. de Bombourg, Les Ambares, p. 12. — S. M. Napoléon III, Hist.
 de J. César, t. II, planche n° 4.