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ORIGINES DE LtJGDUNUM. 395 LA MARCHE. La position extrême de Lugdunum achève de dé- montrer la réalité de ce grand fait [ethno-géographique. Lugdu- num était comme le nœud qui tenait attachées les divisions prin- cipales de toute la Celtique. Âmmien Marcellin la nomme le com- mencement des Gaules (1), et la Table de Peutinger, plus éner- giquement, leur frontispice (2) ; puis, comme pour faire mieux comprendre ce qu'ils énoncent, l'historien et le document postal ajoutent: là , cessantde compter par milles romains, les voies sui- vent le système des lieues gauloises (3). La mémoire de cette si- tuation exceptionnelle ne s'était point effacée dans le moyen- âge, gardien si fidèle des choses antérieures : le cycle carlovin- gien de Girart deRossillon, vieux mythe de la nationalité éduenne transformé par les trouvères, fait, maintes fois, allusion à Lug- dunum, en tant que point de réunion des provinces gauloises : « Danqui s'en sont tomes en Galles vers Lion (4). » « De nosire région que l'on appelle Galle « Tenoit-il (Girart) presqu'autant com' fasoit le roi Challe (5). » Ce serait, en conséquence, fermer ^les yeux aux plus claires évidences de l'histoire que de refuser à une localité placée en de telles exceptions une marche ou région limitante. Dans l'Europe anté-romaine, aucunes nationalités, confédérations ou autono- mies n'existaient qu'à la condition d'avoir aux bornes de leur ter- ritoire un espace désert assez vaste pour les isoler du territoire des peuples contigus. Cette solitude de rigueur, chez les nations nombreuses, acquérait quelquefois une étendue immense. Les (1) « Ararim (quem Sauconam adpcllant)... suum in nomen adscissil: qui locus exordium est Galliarum. » (Amm, Marcel]., Hist., lib. XV, cap. 2.) (2) « Lugduno, caput Galliarum. » (In Tab. Peuting., Segm. i.) (3) « Exindèque non millenis passibus sed lengis itinera metiuntur. » (Amm. Marcell., au lieu cil.) — « Usque hic leugas. » (In Tab. Peuting., ibid.) (4) Girart de Rossillon, public, de M. Mignard, Dijon, A. Maître, 1828, p 24, v. 495. (5) Id., p. 28, v. 598.