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362 LÉGENDES DE LA VILLE D'ARS. l'on reconnut bientôt que les lacs de la Suisse et de la Savoie avaient, à une époque anté-historique, été habités par de nombreuses populations. Dans certaines stations, ces pilotis ou pieux offrent encore a la vue des lignes et des espace- ments assez réguliers pour que l'on comprenne qu'ils ont pu supporter des cadres de bois, vastes plateformes destinées elles-mêmes a recevoir les groupes des maisons chétives des premiers habitants; on a même découvert, dans quelques localités, des restes fort reconnaissables de ces immenses cadres, un entre autres à Genève, qui avait 400 mètres de long sur 25 de large. Puis l'on fouilla entre les intervalles des pieux, et d'innombrables ossements, débris de poterie, objets ou instruments en silex ou en bronze, furent retirés du fond des eaux. La science commença -dès-lors à réfléchir sur la variété des objets provenant de telles ou telles loca- lités, et l'on divisa celles-ci en stations de l'âge de la pierre et stations de l'âge du bronze. On distingue facilement au premier aspect les stations de la pierre de celles du bronze, en ce que lés premières sont, en général, moins étendues que les secondes, moins éloignées du rivage et moins pro- fondes, — leur profondeur n'excédant pas 2 mètres dans les eaux moyennes. Leur marque distinctive consiste surtout dans le nombre des pilotis, qui sont plus gros que ceux des stations de bronze; on en voit qui ont jusqu'à 25 ou 30cent, de diamètre; et ils émergent à peine du fond de l'eau, en sorte qu'il est difficile*'parfois de les distinguer des pierres qui les entourent assez souvent. Je dis assez souvent, parce que, d'ordinaire, le fond des lacs sur lequel on voit les pilotis est parfaitement uni et n'offre aucun galet à la vue ; mais il n'en est pas de même partout, et, la où l'homme n'a pu trouver un fond propre au pilotage, la où le roc ou un sol trop difficile a pénétrer s'opposait à l'enfoncement des pieux, il a dû s'ingénier à vaincre la nature, et il a imaginé alors