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LÉGENDES DE LA VILLE D'ARS. 363 de fixer les pilotis sur un fond solide en les entourant de cailloux apportés du rivage. C'est ce que l'on voit surtout sur le lac de Neuchâtel, où toutes les stations forment, sous l'eau, de petits monticules ou tumulus connus sous le nom de steinbergs. Les stations de l'âge du bronze sont, en général, plus con- sidérables et plus nombreuses, à une plus grande distance du rivage, plus profondes par conséquent. Les pieux sont plus grêles aussi et surgissent à une profondeur de 5 à 7 m. au-dessous des eaux moyennes. Au lieu d'affleurer le sol, ils s'élèvent de 30 à 60 cent, au-dessus du fond ; leur nombre est plus grand aussi. Dès son premier jour, la science lacustre était, comme on le voit, une mine offerte à la curiosité humaine, toujours avide de remonter le cours des âges pour y retrouver ses antiques origines; et ce fut au milieu des'applaudissements non suspects d'une société d'élite, qu'on la vit prendre date et s'asseoir triomphalement au banquet de l'intelligence, au Congrès scientifique tenu a Chambéry, en 1863 (1). Je me souviendrai toujours de la brillante exposition que fit de ses progrès naissants le savant conservateur des an- tiques de Lausanne, M. Troyon, que ses travaux et ses dé- couvertes ont placé parmi les créateurs de la nouvelle science. Chargé, comme secrétaire de la section d'archéo- logie, du rapport de cette séance, je pus me pénétrer mieux encore de choses que j'entendais professer pour la première fois, il est vrai, mais dont j'avais déjà quelques notions par des lectures antérieures, et, je le dirai de suite, par des con- jectures qui m'étaient personnelles. Quelques jours après, j'assistai à la pêche des lacustres qui eut lieu sur le lac du Bourget, dans la baie de Grésine, à l'aide du scaphandre. (1) V. Congrès scientifique de France^ Session de Chambéry, p. 209.