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LÉGENDES DE LA VILLE D'ARS. 361 Je n'entends point, par les citations que j'ai faites plus haut, prétendre que ces anciens peuples n'habitaient que des cités construites sur les eaux ; ce serait assurément avoir d'eux une idée tout a fait fausse, et l'AUobrogie aurait, à ce compte-là , été réduite à un bien petit nombre d'habitants. La masse de la population était certainement, comme de nos jours, disséminée dans les campagnes ; l'habitation des lacs ne pouvait être et n'était en effet qu'une exception. De tout ceci, je conclus que Suidas n'est pas assez clair pour qu'on puisse invoquer son témoignage avec certitude touchant les villages lacustres des Allobroges, et que l'inter- prélation qu'on donne à son récit ne mérite aucune créance quant à ce qui concerne la destruction de ces villages par J. César. Je conclus, en outre, qu'il n'est pas permis de mettre en doute que la plupart des anciens peuples n'aient construit des habitations sur les lacs, Mais, toute considé- rable que soit cette question aux yeux des archéologues, ce n'est pas ici le lieu de la discuter, car il faudrait pour cela entrer dans des développements extrêmement précieux, à coup sûr, en ce qui touche les mœurs et l'état de civilisation de nos contrées à cette époque reculée, mais qui m'éloigne- raient de la question, et je dois me renfermer dans des limites que je n'ai déjà que trop dépassées. lime suffira de dire qu'au commencement de 1854,pour la première lois, M. Ferd. Keller ayant signalé a l'attention du monde savant des masses de pilotis que l'on avait déjà entrevus sur les bords du lac de Zurich, et ayant eu l'idée de fouiller entre leurs intervalles, on y découvrit des quan- tités incroyables d'objets de la plus haute antiquité et d'un prix inestimable pour les sciences historiques. Ces fouilles se répétèrent alors sur divers points ou stations des lacs de Neuchâiel, de Bienne, de Genève, d'Annecy et du Bourget, où de semblables groupes de pilotis avaient été observés, et