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  336                       NÉCROLOGIE.

      Ses poésies, souvent du tour le plus heureux, respirent une
    douce sensibilité. Dédiées, pour la plupart, à ses amis, elles
   resteront, pour ceux, bien rares aujourd'hui, qui lui survi-
   vent, comme un témoignage pre'cieux d'une affection dont ils
   étaient fiers à juste titre.
      Sans doute, tout n'est pas irréprochable dans ces produc-
   tions, si diverses, dont notre ami lui-môme ne s'exagérait
   pas le mérite ; mais ce qui les distingue de tant d'autres, qui
  font plus de bruit, c'est que la plume de Billiet est toujours
  restée pure, et que, s'adressant à l'enfance ou à un autre âge,
  ses pages exhalent un parfum d'honnêteté qui fait aimer
  l'auteur.
      Billiet ne connut aucune ambition, pas même celle des
  distinctions littéraires. Ses travaux lui eussent ouvert les
  portes de toutes les Sociétés des départements, heureuses de
  s'associer un écrivain laborieux, resté fidèle à la province;
  mais il voulut ne rien deyoir qu'à sa ville natale. La Société
 littéraire de Lyon, qui eut longtemps le privilège de recevoir
 les prémices de ses productions, le compta, seule, au nombre
 de ses membres. S'il eût été moins modeste, le litre d'aca-
 démicien, qu'il ne sollicita jamais, l'eût fait asseoir au sein
 d'une compagnie où sa place semblait marquée dès long-
 temps.
     Que pourrais-je ajouter à celte courte esquisse de la vie
toute littéraire de l'ami que nous avons perdu? Le lieu,
d'ailleurs, serait mal choisi pour mener à fin une tâche que
d'autres reprendront après moi. Ce que je dois dire, en ter-
minant, c'est moins ce qu'était l'écrivain que ce que fut
l'homme.
     Ceux qui m'entendent et tous ceux qui ont vécu dans l'in-
timité de Billiet, savent ce qu'il valait par le cœur. Nul ne
pratiqua avec plus d'ardeur la religion de l'amitié. On eût
dit que le malheur de ses amis l'atteignait dans sa personne.