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LA PEINTURE. 303 marchands, auprès desquels cela me facilitait certains marchés , je me suis occupé de restauration de tableaux. Ce travail et les Opérations qu'il entraîne ne laissent pas que de vous apprendre beaucoup. — Leur nettoyage, souvent difficile et quelquefois presque impossible, exerce votre imagination, vous fait tà ter, essayer toutes sortes de dissolvants, toutes sortes de moyens, de procédés, qui à l'aide de l'intelligence vous dévoilent, pour ainsi dire, les secrets matériels d'exécution employés par les diffé- rents peintres des diverses écoles des siècles passés. Tout l'art du restaurateur de tableaux , son principal mérite, consisterait d'abord dans un profond respect pour l'Å“uvre qui lui est confiée, et ensuite dans la pos- session d'un Å“il d'artiste, aussi exercé que consciencieux, qui sait voir et découvrir ce qui appartient au maître , ce qui est son labeur, et ne pas le confondre avec ce que le temps et ses mille moyens d'altération et de destruction sont venus y apporter d'hétérogène et d'étranger. Scru- puleux respect à l'Å“uvre du maître, devrait être sa devise. Comme on peut le penser , je n'ai jamais eu de grands chefs-d'Å“uvre entre les mains; j'ajouterai heureusement, surtout dans mes débuts, car j'ai fait plus d'une école et plus d'une sottise. Le nettoyage, ou l'enlèvement d'un vieux vernis, quand il y en a un sur la peinture, est chose difficile et surtout dangereuse, qu'on ne doit entreprendre qu'avec de grandes précautions, des tâtonnements craintifs et intelligents. Un glacis, un frottis, une finesse, sont bientôt enlevés, et vous n'avez pas toujours le talent de les restituer. S'il y a un vieux vernis , il est quelquefois mieux de ne pas chercher à l'enlever, mais d'essayer de l'éclaicir. Un moyen bien simple m'a souvent réussi dans pareille occasion. — Mais je prie ici qu'on fasse bien attention Ã