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302                     LA PEINTURE.

    N'est-il pas regrettable qu'un professeur, ou par pa-
 resse ou par ignorance, néglige de renseigner l'élève sur
la solidité et le peu de durée de certaines couleurs qu'il
 emploie, sur les mélanges dangereux ? car il est des cou-
leurs amies qui s'unissent parfaitement entre elles et d'au-
tres qui ne peuvent se mêler à celles produites par le
plomb sans une altération prompte et sensible. Celles
végétales sont rongées par les minérales, etc.
   Le peintre, véritablement, devrait être chimiste; la
science lui apprendrait bien des choses qui ne lui sont
démontrées qu'après de longues années d'expérience ,
bien des tâtonnements et de cruelles déceptions.
    Il y a vingt à trente ans qu'on me préconisa les cou-
leurs Mars, de nouvelle invention , toutes tirées du fer.
C'était de la'rouille, ou oxyde de fer à divers dégrés, depuis
le jaune d'ocre, l'orangé, le rouge, le violet et le brun. On
les disait inaltérables, et effectivement, toutes séparément
résistaient à l'action de la lumière et même d'un soleil
dévorant. Mais on ne pouvait toujours les employer seules,
et dès qu'on les mêlait avec le blanc de plomb, au bout de
peu de temps la teinte brunissait et montait de ton.
L'orangé Mars , par exemple , avec le blanc de plomb,
donnaient des teintes de chair d'un éclat charmant, mais,,
hélas ! ces teintes de chair si lumineuses , si éclatantes ,
finissaient bientôt par prendre le ton du cuir de bottes...
La rouille , semblable à la tache qu'elle fait au linge,
montait en couleur et devenait plus intense. — J'ai été,
et bien d'autres que moi, victime de cette innovation. —
L'on ne devrait jamais employer que les couleurs les plus
simples, les plus innocentes , les plus vulgaires , les plus
connues, celles, en un mot, dont la bonté, la solidité a été
sanctionnée par le temps et l'expérience.
   Soit pour moi, soit pour des amis et même pour des