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                LÉGENDES DE LA VILLE D'ARS.               287

rappeler, si besoin est, que je copie des notes datant de
 25 ans, et je continue : —
    « Je voyais les naturels du pays en habit de fête, —
 c'était un dimanche, — se rendre de tous les points vers
 une large place. Sur cette place s'élevait une vaste basili-
que dont le clocher élancé venait effleurer l'onde à la sur-
face du lac... J'entendais les cloches sonnera toute volée....
et j'attribuais à leur carillon l'insuccès de ma pêche. Je ne
saurais dire combien dura mon rêve ; mais longtemps encore
après qu'il fut dissipé, j'entendais résonner l'airain des
cloches, sa voix arrivait très distinctement h mes oreilles
étonnées. Je fis alors quelques pas pour m'éloigner de l'en-
droit d'où semblait venir le son, eHe son se tut ; je conti-
nuai ma promenade en côtoyant toujours les bords du lac,
et le son retentit de nouveau. Je ne rêvais plus et cepen-
 dant le même son me poursuivait; il était monotone, mais
clair et net, et paraissait s'échapper des profondeurs du
lac. Le temps était extrêmement lourd, la chaleur étouffée
et accablante, un vrai temps coaffle, comme disent nos
paysans. Persuadé que l'état atmosphérique causait seul
l'hallucination dont je me croyais le. jouet, je ne vis d'au-
tre moyen de la dissiper qu'en prenant une douche com-
plète d'eau froide. J'avais à peine franchi les roseaux
qui, en cet endroit, croissaient sur les bords du lac, que
les sons des cloches, un instant silencieuses, se firent en-
tendre avec plus d'intensité que jamais, et, chose étrange !
ils sortaient du milieu des roseaux que je venais de tra-
verser. L'eau cependant arrivait a peine à la hauteur de
mes genoux..,.. Je devais donc trouver cloches et clocher
dans l'espace étroit qui se trouvait entre moi et le rivage,
et dans une profondeur de 30 à 40 centimètres a peine. Je
voyais les galets qui émaillaient le sol recouvert par l'eau
transparente, et, dans ma raison rebelle a tout surnaturel,