page suivante »
286 LÉGENDES DE LA VILLE 1)'AKS. Voici textuellement la lettre que M. Gariel m'adresse k ce sujet : « Ne vous moquez pas trop, mon cher Restauralor veri^ des^cloches du lac de Paladru.il y a quelquefois du vrai dans les traditions populaires, et celle-ci repose sur un fait dont l'authenticité défie les sourires de l'incrédulité et les sarcasmes des esprits forts. Vous pouvez en croire un in- cessant chercheur qui ne se pique généralement pas de trop de respect pour la tradition. « Aussi matériellement que vous et moi, — en chair et en os, serais-je tenté de dire, — les cloches du iac exis- tent. C'est moi, — je vous fais grâce du : Moi, dis-je, et c'est assez; — c'est moi qui vous le certifie de auditu ; et puisse la rela- tion suivante que, sur votre demande, j'extrais de mon journal, vous faire revenir de votre incrédulité, a Un jour, — il y a bien longtemps de cela, — debout sur les bords de notre lac, je me livrais à la pêche, — une passion de mes jeunes années, envolée, hélas ! avec elles... — Donc je péchais, car Que faire aux bords d'un lac, à moins que l'on ne pêche ? et, aveu humiliant, je péchais sans le moindre succès. J'avais beau renouveler et changer les appâts qui dissimu- laient artistement le piège, rien ne me réussissait. Insen- sible k toutes leurs séductions, le poisson soupçonneux ne mordait pas. Découragé, je pliai ma ligne, et m'asseyant sur un tertre moussu, je me pris k rêver de la légende du lac bleu. Mon imagination vagabonde reconstruisait la ville engloutie , relevait ses édifices, repeuplait ses maisons, et ses rues ressuscitées, comme sur un plan, se déroulaient k mes yeux ravis... « - Ah ! diable ! diable ! vite une parenthèse pour vous