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                  ON NE CROIT PLUS A RIEN.                  235

je voudrais connaître la raison de ce bon marché, et, s'il se
 peut, profiter de l'occasion.
    — Allons, vous êtes sans pitié pour ce malheureux pros-
pectus, dit-il avec une grâce parfaite ; je ne veux pas le dé-
fendre, Dieu m'en garde, mais a l'endroit des poètes, il est
malheureusement dans le vrai : tout article baisse de prix
qui n'est point demandé. Vous en voulez, vous; à votre aise,
vous en aurez tant que vous voudrez ; mon temps est libre
aujourd'hui, et je suis tout à vous,
    — Oh! je n'en fais pas non plus grande consommation,
 un seul me suffira comme évocation d'agrément.
    — Très-bien, lequel désirez-vous?
    — J'adore La Fontaine moi, et vous?
    — Ah ! j'en suis fou... mais il est si distrait, ajouta—t-il
avec un fin sourire, que, si l'on réussit a le faire venir, ce
qui déjà n'est pas facile , on n'en tirera pas grand'chose, je
pense...
   —• Bah! nous en tirerons bien quelques vers, j'imagine;
je ne lui demande pas autre chose, du reste.
   — Je l'espère, mais je ne voudrais pas en répondre...
essayons.
    — Faut-il rejoindre les volets ?
    - Bon ! celui-là ne s'inquiète guère s'il fait jour ou
    —
nuit !
   Le crayon, après s'être un instant fait prier, se mit enfin
 a fonctionner très-posément.
   — Et le frou-frou... ? demandai-je a voix basse, n'ayant
ri on entendu cette fois.
    — Oh! celui-là n'en fait pas , répondit-il sans que le
 crayon s'arrêtât.
    J'attendis en silence qu'il eût fini son œuvre.
    Est-ce un conte ou une fable? me diais-je; évidemment,
ce devait être quelque chose dans ce genre-là.