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256                   ON NE CROIT PLUS A RIEN.

  Lisez, dit-il :
   Si j'avais un arpent de sol, mont, val ou plaine,
   Avec un filet d'eau , torrent, source ou ruisseau,
   J'y planterais un arbre, olivier, saule ou frêne,
   J'y bâtirais un toit, chaume, tuile ou roseau.

      Sur mon arbre un doux nid , gramen , duvet ou laine,
      Retiendrait un chanteur , pinson, merle ou moineau.
      Sous mon toit un doux lit, hamac, natte ou berceau,
      Retiendrait une enfant, blonde, brune ou châtaine.

      Je ne veux qu'un arpent ; pour le mesurer mieux,
      Je dirais à l'enfant la plus belle à mes yeux :
      « Tiens-toi debout devant le soleil qui se lève ;

      « Aussi loin que ton ombre ira sur le gazon,
      '< Aussi loin je m'en vais tracer mon horizon :
      « Tout bonheur que la main n'atteint pas n'est qu'un rêve (1) ! »




   J'étais stupéfait :
   — Ah! mais.... dites donc ! cher médium, le bonhomme
estsans gêne... est-ce que les morts, à présent, vont piller
les vivants? ... Je connais ces vers-là; ils sont d'un maître
aussi, et d'un grand maître... Je l'ai connu dans les bureaux
quand j'étais dans l'Administration.
   — Ah ! vraiment, c'est de lui, dit-il en souriant ; sans le
connaître, j'en ai beaucoup "ouï parler; quelle gloire pour
les bureaux !.... Je me doutais aussi que l'on nous jouait
quelque tour. Le bonhomme est malin , voyez-vous ; cela
veut dire clairement: Pourquoi dérangez-vous les morts,
quand vous avez des vivants de cette force ? Et je sais de
bonne part que lesplus illustres la-bas raffolentde ce vivant-là.

  (1) Joséphin Soulary. — ( Rêves ambitieux ) .