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184 LÉGENDES DE LA VILLE D'AHS. tion, que personne encore n'avait reproduite et dont je lui laisse toute la responsabilité. « Il parait, dit-il, que les voisins immédiats du nouveau monastère, troublés dans la possession des bois, s'émurent; et, sans doute, ils usèrent de moyens violents contre les moines. 'Aujourd'hui encore, en traversant ce qui reste des bois de la .Sylvc, il y a une place à laquelle h tradition a con- servé un souvenir de meurtre : un Chartreux y reçut la mort ; a quelle,époque? on ne sait; quel fut le coupable? on l'ignore. Mais le passant ne manque jamais , encore aujour- d'hui, de détacher une feuille d'arbre et de la déposer pieu- sement sur la place autrefois ensanglantée. « Serait-ce un souvenir de cette époque lointaine ? Dans tous les cas, les habitants coupables subirent une effroyable expiation. « Des hommes d'armes vinrent ; la chronique no dit point qui les envoya, mais la vengeance fut complète:' la ville — car c'élail une agglomération considérable, — fut forcée ; toute la population périt dans le massacre, et le feu détruisit les maisons, dont il ne resta pas pierre sur pierre. La légende ajoute pieusement que le Ciel concourut directement a la destruction de la ville maudite. Le lac , créé comme le fut autrefois la Mer Morte, engloutit les ruines fumantes de l'in- cendie allumé par la colère divine,-^Aujourd'hui, on indique encore, h l'extrémité sud-ouest du lac, l'emplacement de la ville d'Ars. Était-ce bien là son nom? 11 n'est pas impossible que ce nom, donne h la mystérieuse cité, lui ait été attribué, après sa disparition, par les'populations terrifiées, parce- qu'elle avait été arse , brûlée. » Je dirai plus loin en quoi je diffère de cette dernière opinion de M. Michal-Ladichère. Quant à ce qu'il avance relativement au meurtre d'un Chartreux, tout en lui laissant sa responsabilité de premier