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HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LYON. 115 La torche en moy, mon cœur l'allumera. Et toy, enfant, eesse, va vers ma dame, Qui de ses yeux les flèches refera. Maurice Scève mourut vers 1564, après avoir joui d'une grande célébrité ; il fit école. Pour se distinguer du vul- gaire, il affecta le néologisme et s'entoura d'une certaine obscurité savante; quelques-uns de ses contemporains' osèrent le blâmer, mais le plus grand nombre lui a pro- digué des éloges souvent mérités. 8° Charles de Sainte-Marthe, né à Fontevrault en 1512, d'une famille féconde en gens de lettres, professa dans la ville de Lyon, en 1540, les langues hébraïque, grecque, latine et française ; ce fut dans cette même cité qu'il pu- blia ses poésies françaises ; elles sont partagées en trois livres," le premier renferme des épigrammes; le second, des rondeaux, des ballades et des chants royaux ;~le troi- sième, des épîtres et des élégies. Cet habile professeur se glorifiait d'être le disciple de Marot ; un faux bruit s'étant répandu sur la mort de ce dernier, Charles de Sainte-Marthe se hâta d'écrire ce qui suit : Il fut un bruit, ô Marot, qu'estois mort, Et ce faux bruit un menteur asseura. L'un, d'un côlé, se plaignoit de sa morl, Faisant regret qui longuement dura. L'autre, par vers piteux, la déplora, Gettant soupirs de dur gémissement Moi, de grand deuil plorant amèrement. Duquel estoit ma triste âme saisie, Las ! dis-je, mort est nostre amy Clément, Morte doneque est françoise poésie. Nous devons encore placer au nombre des amis de Sainte-Marthe le médecin Tolet (1) et Maurice Scève ; il (1) Tolet était médecin à Lyon.