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416 HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LYON. parle de celui-ci dans une ode où il passe en revue les principaux poètes de l'époque : Auprès duquel un Scève s'est assis, Petit de corps, d'un grand esprit rassis, Qui l'escoutant, malgré qu'il en ayt, lu Aux graves sons de sa doulce Thalie. Mais de tous ses amis, Estienne Dolet était sans con- tredit celui qu'il estimait le plus; lisons les éloges qu'il lui adresse : Démosthène vivant, qui n'eut oneque, fécond, Les Grecs eurent jadis éloquence entre mains ; Luy mort, au monde vint Cicéron le facond, Lequel avecque soy la porta aux Romains. Après luy, elle fut transportée aux Germains, Où toujours demoura tant qu'Erasme a heu vie ; De là s'en retourna visiter l'Italie, Et avoit prins manoir chez Bembe et Sadolet. Mais depuis peu de temps leur a esté ravie Et tout droit amenée en France par Dolet. 9° Claude de Taillemont, ami et compatriote de Mau- rice Scève, descendait d'une ancienne et noble famille. Parmi ses œuvres nous signalerons la Triante, poème - galant, dédié à la princesse Jeanne, reine de Navarre. L'orthographe de ce volume est tout à fait bizarre. C'est pourquoi l'auteur essaie de la justifier dans l'avertisse- ment ; il nous y apprend encore qu'il a composé quelques élègiaques français mesurés par pied comme les latins, afin de montrer qu'on peut employer en notre langue le même genre de vers, avec plus de beauté que dans le la- tin. Son Discours des Champs dut avoir quelque succès, puisqu'il a été édité cinq fois. 10° Parmi les admirateurs de Maurice Scève il faut en- core citer Joachim du Bellay, qui versifiait agréablement, et auquel on doit un sonnet en l'honneur de la ville de Lyon.