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78 ON NE CROIT PLUS A RIEN. — Moins que jamais, grand Dieu !... — Alors tu perds moins que jamais ! ! 1 était si fort, ce Ravinel, qu'il me rassurait... presque. 1 Le surlendemain, il vint au bureau : — Tu ne sais pas, me dit-il, d'un ton joyeux, il y a du déport sur le mobilier. — Ali ! il y a du de'p.. — Je ne savais pas précisément ce que c'était, mais, voyant a son air satisfait que ce n'était pas une mauvaise chose, je fis semblant de le savoir, pour éviter d'être une fois de plus raillé par lui sur mon igno- rance en affaires. — Eli ! oui, mon cher, cinq francs de déport : tu prêtes tes titres pour quinze jours et on te les rend, plus soixante francs pour la peine ; c'est gentil ? — C'est très-gentil; mais, si c'est pour toi, par exemple, il me semble qu'il serait plus gentil de te les prêter gratui- tement. — Oh! le niais c'est bien lui! Et quand ce serait pour moi? en affaires, il n'y a point d'amis, point de senti- ments; des chiffres seulement, c'est un principe sacré Autrefois, pensais-je, il aurait trouvé que c'était un sacré pr comme son raisonnement a changé.... Au fait, les affaires !.... — Je prêtai donc mes douze mobiliers à Ravinel a mon ami, à mon cher Ravinel qui fila, trois jours après, avec mes mobiliers.... Voila pour le déport, je pense... Mais..., en affaires, il n'y a pas d'amis : le principe était sauvé ! ! Triple gueux ! si je l'avais tenu ! Et encore, lui?... c'était mes mobiliers que j'aurais voulu tenir! c'est lui qui les tenait.... 11 n'y a pas de métaphysique possible devant la perte de douze mobiliers.... a moins que ,.. a moins que, parbleu ! on en ait de reste.