page suivante »
518 HIPPOLYTE FLANDRIJ*. festin. Ce qui frappe dans ce tableau, conservé à l'École des Beaux-Arts, c'est sa belle ordonnance et son slyle d'une pu- reté antique. Telle était la force de volonté de l'intrépide concurrent, qu'il persévéra dans son travail malgré les in- fluences maladives causées par l'épidémie qui sévissait cruel- lement à cette époque dans la capitale. Grande fut la joie du jeune lauréat en remportant ce suc- cès décisif ! Pour lui l'ère des perplexités élait close. Un pre- mier essai lui révélait sa force. A quelles vicloires nepourra-l- il pas prétendre, lorsque réalisant le plus cher de ses désirs, celui d'aller à Rome, il aura pu s'inspirer des chefs-d'œuvre des maîtres, et grandir sous leur souffle puissant ! Par une heureuse coïncidence, peu de temps après que Flandrin se fut installé comme pensionnaire de France à la villa Medici, M. Ingres en devint le directeur. Ce fut sous le regard de celui qui lui avait révélé les premiers secrets du beau, que notre jeune artiste continua sa carrière, et qu'il s'initia au vrai sens des richesses artistiques de la Ville éter- nelle. Cette continuité d'une même influence, discrètement exer- cée et acceptée avec intelligence, a beaucoup contribué 5 donner au talent de Flandrin celte unité de manière que l'on admire en lui. Il est un des artistes, si rares à notre époque d'éclectisme, qui ont marché dans leur voie du pas le plus ferme et le plus assuré ; on ne sent dans son slyle aucune de ces hésitations que produit l'envie de contenter tous les goûts et'de concilier des éléments opposés... Flandrin utilisa son séjour en Italie par de sérieux travaux. Il s'adonna à l'étude de l'antiquité, et à celle des peintres des écoles Romaine et Ombrienne. Il ne négligea pas la nature vivante et se pénétra de ce beau type romain si fort et si majestueux. Il étudia aussi les monuments de l'ancienne Rome et de la nouvelle; à ses heures de loisir, il allait con-